« Obligation » n’est pas un gros mot quand il s’agit de vacciner contre la Covid-19
Communiqué de l’Académie Nationale de Médecine
Déjà évoquée à plusieurs reprises, mais rejetée sur l’argument réaliste du manque de vaccins, l’obligation vaccinale doit maintenant être envisagée.
Cette mesure a été appliquée en France pour la variole (1902-1984), la diphtérie (1938), le tétanos (1940), la tuberculose (1950-2007), la poliomyélite (1964), et étendue en 2017 pour 11 vaccins du nourrisson. Elle s’impose dans tous les cas où une vaccination efficace permet d’éliminer une maladie répandue, sévère et souvent mortelle.
Avec un taux d’efficacité de 90 à 95% contre les formes graves de la Covid-19, les vaccins actuellement homologués en France contre le SARS-CoV-2 remplissent les conditions qui permettent de recourir à l’obligation vaccinale face à une épidémie redoutable, en particulier socialement, que les mesures individuelles (gestes barrière) et collectives (couvre-feu, confinement) sont incapables de contrôler dans la durée.
En pratique, la mise en application d’une telle obligation ne pourra être instaurée que de façon progressive. C’est pourquoi l’Académie nationale de médecine recommande :
– de mettre en œuvre sans tarder le "passe vaccinal" préconisé précédemment ;
– de rendre la vaccination contre le SARS-CoV-2 exigible :
- pour l’exercice de toute activité professionnelle essentielle : conduite du gouvernement et de l’État, enseignement, services de santé, de sécurité et de défense (police, services d’incendie et de secours, armée), services d’approvisionnement de la population (alimentation, eau, énergie, numéraire, matériels informatiques) et autres services de la fonction publique ;
- pour l’exercice des activités professionnelles comportant un contact avec le public, notamment dans les secteurs du commerce de détail, de la restauration, de l’hôtellerie, des établissements culturels et du sport ;
- en préalable à toutes les activités comportant déplacements ou rassemblements, telles que les voyages internationaux, les cures thermales ou les occupations associatives ;
- pour tous les donneurs de sang, de tissu ou d’organe ;
- pour les étudiants avant la rentrée universitaire 2021.