Élargir le délai entre les deux injections de vaccin contre la Covid-19 : quels risques pour quels avantages ?
Communiqué de l’Académie Nationale de Médecine
La récente autorisation de mise sur le marché de 2 vaccins à ARN messager contre la Covid-19 et l’espoir d’une validation prochaine d'un troisièmeont fait évoluer la stratégie de la campagne nationale de vaccination : à l’objectif initial visant à réduire la morbi-mortalité et à préserver le système de santé s’est ajouté, face à la menace d’une nouvelle recrudescence de l’épidémie, un objectif visant à obtenir une immunité collective suffisante pour endiguer la propagation du SARS-CoV-2 en vaccinant 17 à 27 millions de personnes avant l’été. Mais le principal facteur limitant la réalisation d’une vaccination de masse est la disponibilité de stocks de vaccins suffisants pour atteindre une telle couverture vaccinale en moins de 6 mois.
Après l’avis de l’OMS et de l’Agence européenne du médicament acceptant que le délai de 21 jours entre l’administration des deux doses des vaccins soit retardé de quelques semaines afin d’augmenter le nombre de personnes pouvant bénéficier d’une première dose, l’ANSM s’est déclarée favorable à l’élargissement de ce délai jusqu’à 42 jours. En réponse, le laboratoire BioNTech rappelle que le taux d’efficacité du vaccin, de 52% après la première dose, s’élève à 95% lorsque la deuxième dose a été administrée à 21 jours, mais ne garantit pas un taux d’efficacité aussi élevé si la seconde injection est différée au-delà.
Compte tenu des avantages et des risques potentiels liés à la pratique hors AMM consistant à différer la deuxième injection des vaccins contre la Covid-19, l’Académie nationale de médecine recommande :
– de se conformer autant que possible au schéma vaccinal prescrit par le fabricant (21 jours pour Pfizer/BioNTech, 28 jours pour Moderna) ;
– de ne différer l’injection de la seconde dose que si les circonstances l’exigent (manque de doses disponibles) et sans excéder un dépassement de 3 semaines ;
– de réserver cet élargissement aux personnes âgées de moins de 50 ans et ne présentant aucun facteur de risque de forme grave de Covid-19 ;
– de prescrire un renforcement des mesures barrière pour que toute personne vaccinée évite d’être infectée avant l’administration de la seconde dose ;
– d’évaluer l’impact de cet élargissement sur l’augmentation du nombre de personnes primo-vaccinées chaque semaine.