Entre l’indispensable précaution et l’indésirable confusion

Communiqué de l’Académie nationale de médecine

Le signalement d’évènements indésirables de type thrombo-embolique a conduit la France, comme plusieurs autres pays de la communauté européenne, à suspendre l’utilisation du vaccin COVID-19 AstraZeneca® le 15 mars 2021.

Une telle volte-face, uniquement justifiable par le principe de précaution, comporte deux inconvénients majeurs : 

1. elle perturbe gravement la progression de la campagne nationale de vaccination, cette décision conduisant les centres de vaccination et les médecins généralistes à annuler des convocations, à modifier les plans de rendez-vous et à jeter des doses de vaccin inutilisées, accroissant le regrettable taux de gaspillage ; 

2. elle induit le doute sur les homologations délivrées par l’EMA et suscite ainsi une défiance du public envers les différents vaccins contre la Covid-19 mis sur le marché.

L’Académie nationale de médecine recommande

- de ne pas suspendre l’utilisation d’un vaccin bénéficiant de l’AMM sur la base de signalement d’évènements indésirables très rares dont l’incidence chez les vaccinés n’est pas significativement supérieure à l’incidence attendue en population générale ;

 - de ne pas outrepasser les avis de l’EMA au nom d’un principe de précaution qui devrait d’abord s’appliquer au risque bien réel que constitue la Covid-19 ; 

- de tout mettre en œuvre pour réduire le taux de gaspillage des doses de vaccin

- de renforcer les moyens du dispositif national de suivi de pharmacovigilance des vaccins pour assurer l’évaluation clinique approfondie de chaque évènement indésirable déclaré, avec une attention particulière pour les accidents thrombotiques ; 

- de partager avec le grand public les données actualisées sur l’efficacité et l’innocuité des vaccins anti-Covid-19 utilisés en France par une communication soutenue, claire, transparente et non anxiogène.

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